On pourrait penser qu’un bon studio généraliste reste un bon studio pour composer à l’image. Oui et non. Si une bonne partie des instruments et du matériel utilisés pour la musique à l’image est commune à la composition d’autres types de musique, beaucoup de pratiques sont propres au domaine de la BO.
La manière dont on interagit avec les autres (réalisateur, monteur), dans et hors du studio, les outils qui doivent rester à portée de main, l’utilisation permanente de l’écran supplémentaire sur lequel est projeté le film pour lequel on compose en plus des écrans qui affichent la DAW, pouvoir s’enregistrer tout en regardant le film, trouver l’espace pour pouvoir prendre des notes, écrire une partition ou la lire en jouant n’en sont que quelques exemples.
Quelle DAW ?
Le choix de la DAW est une question récurrente. Outre les besoins purement musicaux que la plupart des DAW traitent toutes plus ou moins bien, des critères spécifiques au travail à l’image sont déterminants car utilisés en permanence. Par exemple, la possibilité d’afficher une vidéo fluide et réactive en plein écran, poser des marqueurs à l’image près, passer du mode en mesures musicales au mode TC, calculer un tempo et un nombre de mesures entre deux marqueurs, sauvegarder et rappeler des configurations d’écrans et d’affichage de pistes (zooms, mutes, solos, etc.), gérer des écoutes différentes… La liste est longue. Mais déjà certaines DAW sont plus pratiques que d’autres sur ces points. Par exemple, Live d’Ableton, qui est un fantastique outil musical pour travailler sur des boucles, est moins à l’aise que Logic, Cubase ou Pro Tools dans ces domaines. En effet, dans une BO, on produit beaucoup de petits morceaux calés à l’image plutôt que des longs.
Mais un point décisif est la compatibilité avec les exports que le monteur va nous envoyer très régulièrement, au fur et à mesure de l’évolution du montage du film. Et là, les habitudes du métier sont tenaces. Si l’on veut composer en entendant bruitages, voix et effets, comme la plupart des montages vidéo se font sur Avid, et les montages audio et mixages en auditorium sur Pro Tools et Pyramix, Pro Tools reste la solution la plus pratique en termes de compatibilité globale, même si, pour la composition MAO, Logic ou Cubase offrent plus de possibilités.
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Être à l’aise
Le confort de travail est primordial. Pour soi et pour les autres. De l’espace. La lumière du jour, avec possibilité de l’occulter. Une configuration multi-écran (trois est courant). Un bon fauteuil, de préférence roulant, sans accoudoirs (plus pratique pour jouer d’un instrument). Et un ou deux autres en plus, tout aussi confortables, pour accueillir le réalisateur et une seconde personne (monteur, producteur…). Bien entendu, il faut qu’ils puissent avoir la place de se positionner agréablement à côté de vous pour visionner l’image et écouter dans de bonnes conditions. Comme l’échange d’idées est primordial, privilégiez le contact visuel. Évitez donc de rester à votre poste de travail avec le réalisateur dans votre dos sur un canapé, une configuration pourtant courante en musique. Lors de l’écoute finale, on peut utiliser un canapé partagé avec nos invités. Dans ce cas, pensez à toutes les télécommandes nécessaires (y compris tablette ou souris pour la DAW) afin que la technique ne perturbe pas le visionnage. Toujours dans une perspective de confort, il faut pouvoir regarder le film sur un écran suffisamment grand et en bonne résolution. Les petites vignettes de la DAW ne mettent pas votre musique en valeur. Idem pour les écoutes. Il est important de pouvoir vérifier le mixage sur au moins trois systèmes : les bonnes écoutes pro du studio, des enceintes de télévision et celles de l’ordinateur. Car lorsque vous envoyez un morceau pour validation, c’est souvent sur son ordinateur que le réalisateur va écouter votre musique pour donner son avis.
S’inscrire dans le temps long
Composer à l’image est une course de fond. Sans cesse continuer d’étudier, explorer de nouvelles idées musicales, se renouveler. Maintenir à jour les dépôts Sacem, les Cue Sheets des films et un catalogue de ses œuvres car les droits constituent une part importante de revenus des compositeurs de BO. Des logiciels comme Soundminer permettent de tagger et de naviguer dans des tera-octets de données. Il est encore mieux de créer sa propre base de données (File Maker Pro est parfait) permettant de centraliser, en plus des musiques, les archives, numéros de série des logiciels, recherches sur internet, contacts, etc. Autant de bonnes pratiques pour valoriser son travail au fil du temps, et créer un patrimoine immatériel pour soi, mais aussi pour sa descendance : les droits courent 70 ans après vous pour vos héritiers !